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Histoire de la Russie : des origines à la révolution

Histoire de la Russie : des origines à la révolution. Huitième cours : Alexandre II, Alexandre III et Nicolas II. 7 – La culture sous Nicolas. 7.1 – L’éducation

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Histoire de la Russie : des origines à la révolution

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  1. Histoire de la Russie : des origines à la révolution Huitième cours : Alexandre II, Alexandre III et Nicolas II

  2. 7 – La culture sous Nicolas 7.1 – L’éducation • Nicolas comprend bien que le combinaison d’un faible niveau de vie et de l’instruction constitue un mélange explosif. Il s’emploiera donc à limiter l’accès à l’instruction supérieure et à mieux contrôler les universités. • De 1828 à 1864, les enfants des classes inférieures n’avaient pas accès au gymnase et à l’université, ces deux institutions étant réservées à la noblesse. • En 1835, Ouvarov, ministre de l’instruction publique, supprime l’autonomie universitaire. • Les nouvelles institutions qui apparaissent au cours du règne sont dominées par la technique, au détriment de la science théorique, dont Nicolas se méfie.

  3. 7.2 – Arts et lettres • Le réalisme continue de s’imposer en littérature. Aux grands auteurs de la période précédente, qui continuent d’écrire (Pouchkine, Griboïedov), s’en ajoutent d’autres, dont certains deviendront célèbres surtout dans la seconde moitié du siècle, comme Dostoïevski (qui écrit alors ses premières œuvres) ou Saltykov-Chtchedrine (Histoire d’une ville). • D’autres cependant, malgré la pesante censure, seront déjà connus à cette époque, dont le plus célèbre, Nicolaï Gogol, manie aussi bien le réalisme caricatural (Le révizor, Les âmes mortes) que le fantastique (le cycle des nouvelles peterbourgeoises), dont il est l’un des premiers représentants russes.

  4. Lermontov et Gogol

  5. - Plus lente à se développer, la musique russe prend cependant à cette époque son envol, avec son plus célèbre représentant, Glinka, qui intègre des rythmes et mélodies traditionnelles aux courants européens dominant à l’époque, le classicisme et surtout le romantisme. Il donne aussi au pays ses premiers opéras historiques. - Enfin, dans les beaux-arts, c’est le classicisme académique qui domine encore, l’Académie des Beaux-Arts formant alors quelques-uns des plus grands peintres russes, comme Brullov et Ivanov. - Néanmoins, le romantisme fait son apparition dans les toiles d’un Kiprenski ou d’un Tropinine. Ou encore dans celles d’un Aïvazovski, maître incontesté du paysage marin.

  6. Paysage côtier (1852)

  7. Le naufrage (1876)

  8. 7.3 – Sciences et techniques • Si Nicolas se méfiait des sciences, en tant qu’ingénieur, il comprenait la pertinence du développement technique. • Outre le développement de l’astronomie (Struve fonde le premier observatoire russe à Poulkovo), les développements techniques apparaissent dans tous les domaines, rendant le retard socio-politique du pays de plus en plus anachronique. • En 1834 est complété le premier chemin de fer du pays pour le transport des marchandises ; le premier train de passager fait son apparition en 1837 et en 1851, la ligne Moscou-Peterbourg est ouverte. • Dans les grandes villes apparaissent des réseaux de transports en commun, de même que des systèmes d’éclairage.

  9. Plan de cours 1 – L’ère des grandes réformes 2 – Agitation sociale 3 – Économie 4 – Politique étrangère 5 – Arts, sciences et techniques 6 – Alexandre III 7 – La guerre russo-japonaise, la première révolution et ses conséquences 8 – La guerre, février et la fin des Romanov

  10. Alexandre II (1856-1881)

  11. 1 – L’ère des grandes réformes 1.1 – Abolition du servage - La réforme sera longue à mettre au point : d'abord, Alexandre lui-même a peur, mais surtout, la noblesse, associée à la démarche par des consultations, y est très hostile. D’où les insuffisances de la réforme. • Elle est adoptée le 19 février 1961 et comprend quatre points : 1 – les paysans sont déclarés libres et n’ont pas à verser d’indemnité à leur propriétaire ; 2 – les paysans peuvent racheter leur maison et le terrain où elle se trouve ; 3 – si le propriétaire y consent, ils peuvent aussi racheter des terres exploitables ; 4 – ils ne peuvent le faire que collectivement, par le biais du mir.

  12. Cela laisse un espace juridique particulier pour les paysans, qui sont considérés comme des mineurs; ils sont soumis à des tribunaux particuliers et à des peines spécifiques. • Le droit à la terre n’est pas le droit à la propriété de cette terre : le paysan ne peut pas vendre cette terre, qui appartient à la collectivité. • Les paysans sont déçus, d’où la recrudescence des insurrections paysannes après l’adoption de la réforme, puisqu’on leur propose d’acheter leur liberté (et encore, partiellement seulement), alors qu’ils n’ont pas d’argent. • Certains nobles sont satisfaits (ceux que l’agriculture n’intéressait pas), mais dans l’ensemble la noblesse est mécontente de perdre ainsi sa puissance. • Chez les historiens, elle est contestée : on lui reproche d’être improvisée, partielle ou même néfaste. Cependant, on admet que cela aurait pu être pire et que c’est un changement fondamental. • Elle met en tout cas en place les conditions à un décollage industriel : les nobles disposeront d’argent à investir et les paysans qui obtiennent un passeport pourront quitter le village et aller travailler en ville.

  13. 1.2 – Réformes administratives • Ces changements de la structure économique demandent une réponse politique et le libéralisme d’Alexandre II se manifeste aussi dans ce domaine. • Afin de décentraliser le pouvoir de gestion (mais pas le pouvoir décisionnel), l’institution des zemstvos est remise en place en 1864 sous une forme beaucoup plus étendue. • Les délégués en sont élus et sont issus de la noblesse, de la bourgeoisie et de la paysannerie à raison d’un tiers des députés pour chaque groupe (l’élection des députés paysans étant conditionnée à l’acceptation des deux autres groupes). • Le zemstvo se réunit une fois par année en session plénière pour adopter un plan d’exploitation et un budget. Il élit aussi alors un comité exécutif (pour trois ans), chargé de l’application des décisions, mais aussi du système d’éducation, de santé et de justice.

  14. En ville, des structures équivalentes sont aussi mises en place avec les conseils municipaux. Le même principe de représentativité s’applique (les artisans et ouvriers se substituant ici aux paysans). • Le gouverneur local (ou son représentant) dirigeait cette douma urbaine. • La loi créant ces institutions interdisait explicitement l’union de celles-ci à l’échelle régionale ou nationale, afin d’éviter l’émergence d’une opposition politique structurée. • D’où l’incohérence de cette très importante réforme, qui admet la représentativité à l’échelle locale, mais récuse ce principe au niveau national. • Malgré ses insuffisances, elle met en place les bases institutionnelles et organisationnelles à l’implication et à la participation de la population à la gestion du pays.

  15. 1.3 – La réforme judiciaire • De ce point de vue aussi, Alexandre II innove grandement : la réforme judiciaire est de loin la plus complète et la plus cohérente de toutes les réformes institutionnelles du règne. • Elle s’appuie sur le principe d’universalité : tous sont égaux devant la loi (à l’exception du cas paysan, conséquence de la réforme de 1861). • Elle introduit en outre d’autres éléments de modernité dans le système judiciaire : caractère public des procédures, présences de jurés, indépendance des juges face à l’administration. • Comme en France, un ministère public est chargé, de la surveillance du système, et un Barreau défend toutes les parties en cause. • Pour les affaires criminelles, on introduit des jurés, dont le choix revient au zemstvo local.

  16. - Deux types de cours : • Celles des zemstvos (affaires locales de droit commun et civil pour moins de 500 roubles), dont le juge est élu par l’assemblée du district. • Celles d’État, comprenant trois instances : la cour d’arrondissement (droit civil et causes importantes de droit commun et criminel), la chambre judiciaire (affaires criminelles graves) et le Sénat, cour supérieure, dotée d’un pouvoir de cassation. • La principale faiblesse de cette réforme est le maintien d’un système parallèle pour les paysans, les tribunaux communaux demeurant responsables pour eux. • On maintient aussi des tribunaux religieux (consistoires), répondant pour les divorces, ainsi que des tribunaux militaires, pour les soldats et les officiers.

  17. 1.4 – Réforme militaire : • En gros, elle achève la modernisation de l’armée et sa mise à niveau avec les armées d’Europe ; l’armée devient professionnelle. C’est une conséquence directe de la défaite de 1856. • Dès 1857, on supprime les colonies militaires. • En 1864, le pays est divisé en circonscriptions militaires (lesquelles existent encore aujourd’hui) • On procède à une importante mise à niveau de l’armement : nouveaux fusils, canons modernes, navires à vapeur, etc. • Des écoles d’officiers (junkers) sont créées, ainsi que des académies militaires. • Mais surtout, on introduit un service militaire obligatoire en 1874 : à 21 ans, tous les hommes sont intégrés dans l’armée (6 ans dans l’infanterie, plus 9 ans de réserve ; 7 ans dans la marine, plus 3 ans de réserve).

  18. Cette « universalité » est cependant modulée en fonction de l’instruction : le service militaire de ceux ayant terminé l’école primaire n’est que de 3 ans, pour ceux ayant terminé le gymnase, de 18 mois, et pour les universitaires, de 6 mois seulement. • Des éléments de l’ancien système persistent et les officiers sont essentiellement nobles, alors que les simples soldats sont surtout paysans ou ouvriers. • La noblesse dispose aussi de divers moyens (financiers) pour éviter le service et de nombreuses populations (Asie centrale et Caucase) de l’Empire ne sont pas appelées sous les drapeaux. • La réforme permet à la Russie de diviser son armée par quatre en temps de paix, tout en pouvant mobiliser une force impressionnante le cas échéant.

  19. 1.5 – Réforme de l’éducation • Le but de cette réforme est de renforcer la spécialisation des différentes institutions et d’étendre l’instruction. • On divise les gymnases en deux catégories : le gymnase classique et le gymnase pratique. • On crée des écoles de zemstvo et des écoles du dimanche pour la clientèle adulte ; pour les femmes, on ouvre d’abord des gymnases, puis on leur permet d’assister aux cours universitaires en auditeurs libres, avant de créer des programmes spécifiquement pour elles en 1872. • L’autonomie universitaire est rétablie et en 1865, la censure est considérablement allégée. • À la fin du règne, on compte en Russie 14 000 étudiants universitaires, la plus grande communauté étudiante au monde.

  20. 2 – Agitation sociale 2.1 – Le populisme • À la suite de l’abolition du servage, le caractère du régime se durcit, ce qui devient évident après l’insurrection polonaise de 1863-1864. • Cette situation, doublée de l’insatisfaction liée aux imperfections de la réforme de 1861, entraîne un développement du mécontentement, qui se manifeste désormais dans toutes les classes sociales. • C’est de ce mécontentement que se nourrit le populisme, s’appuyant sur les idées de gauche de Herzen et de Tchernychevski.

  21. Dans les années 70 et 80, ce populisme est radical et révolutionnaire. Il place ses espoirs dans une révolution paysanne. • Trois courants à ce populisme radical : • 1 – Le courant révolutionnaire (Bakounine) réclame une révolution paysanne immédiate. • 2 – Le courant propagandiste (Plekhanov), qui met de l’avant l’idée d’une agitation préalable à tout mouvement révolutionnaire • 3 – Le courant conspirateur (Tkatchev) propose un coup d’État dirigé par une poignée d’hommes résolus, afin de procéder par en haut à des transformations radicales.

  22. Bakounine et Tkatchev

  23. De ces théories émanent les différentes organisations révolutionnaires de l’époque. • Le mouvement « vers le peuple », issu du courant propagandiste, se rend dans les villages au début des années 70 pour faire la promotion de la révolution, sans succès. • L’organisation « Terre et volonté » (1876) tente la même chose dans la seconde moitié des années 70, sans plus de succès. • Celle-ci se scinde par la suite en deux : « Partage noir » (Plekhanov, Zassoulitcha) qui continue de croire à la propagande, et « Volonté du peuple » (Jeliabov, Perovskaïa), qui propose le terrorisme. • C’est cette dernière organisation qui, après cinq tentatives infructueuses, parvient à tuer l’empereur le 1er mars 1881. Les responsables seront exécutés le 3 avril 1881.

  24. « Terre et volonté »

  25. 2.2 – Le mouvement libéral • Issu des cercles et salons littéraires de la première moitié du siècle, le libéralisme s’est développé dans la noblesse et la bourgeoisie éclairée autour des courants occidentaliste et slavophile. L’idée de base est de présenter l’évolution comme étant préférable à la révolution. • Ces penseurs (Tchitcherine) sont très influents dans la première moitié du règne, puis perdent de leur pouvoir. • Cependant, les zemstvos vont permettre aux idées libérales de se diffuser. Les universités, le milieu juridique et plusieurs périodiques sont d’autres points de rencontre des membres de ce mouvement. • En 1889, il est tenté de créer une union des zemstvos, mais cette tentative échoue, de même que les autres visant à faire la promotion d’une constitution auprès de la population.

  26. 2.3 – Le mouvement ouvrier • Avec le décollage industriel de la seconde moitié des années 60, le mouvement ouvrier fait son apparition. Il est d’abord spontané et son objectif n’est pas alors les changements sociaux, mais la défense des intérêts du prolétariat : augmentation des salaires, réduction du temps de travail, etc. • À partir de la seconde moitié des années 70, ces mouvements deviennent plus idéologiques. Les premières organisations apparaissent sous l’influence des populistes : l’Union ouvrière du nord (1875), puis celle du sud (1878-1879) furent rapidement démantelées par la police. • Ce n’est que dans la seconde moitié des années 80 que l’influence marxiste commencera à se faire sentir dans le milieu ouvrier.

  27. 2.4 - Les mouvements nationaux : • La complexité ethnique de l’empire pousse à utiliser le terme « nationalisme » au pluriel. • C’est surtout dans les territoires occidentaux (Pologne, Ukraine, régions baltes), mais aussi dans le Caucase, que se manifestent ces nationalismes. • En Ukraine, une langue littéraire se développe, en dépit de la pression du centre, qui interdit bientôt l’enseignement de l’ukrainien, même si personne ne parle à ce moment d’une indépendance du territoire. • Mais c’est en Pologne que les choses sont plus difficiles. En 1830-1831, une révolte avait incité l’empereur à supprimer la constitution polonaise. Une autre rébellion (1864) sera à son tour réprimée violemment par le centre, sans parvenir à régler le problème, qui ne cessera pas jusqu’à l’indépendance (1918).

  28. - Le développement de ces mouvements nationaux en périphérie entraînera par voie de conséquence le développement d’un nationalisme russe et le gouvernement, à partir des années 70, entreprendra diverses tentatives de russification des populations non russes. C’est cependant surtout au cours du règne suivant que cela se manifestera. - Le mouvement national juif constitue un cas particulier, qui n’apparaîtra véritablement qu’à la suite du développement du nationalisme russe. C’est par le parti socialiste juif, le Bund, que s’exprimera surtout cette volonté d’égalité de la population juive.

  29. 3 - Économie 3.1 – Économie rurale • L’abolition du servage a ouvert la porte au développement du capitalisme et à sa conséquence sociale directe, la stratification sociale, déjà commencée dans la première moitié du siècle. • Apparaissent les koulaks, paysans aisés, qui concentrent de grandes quantités de terres et s’impliquent dans l’industrie. Plus novateurs que les nobles, ils contribuent davantage au progrès technique que ceux-ci. • En corollaire, une classe moyenne inférieure et une classe de paysans pauvres (sans terre et travaillant comme journaliers) apparaissent aussi.

  30. La production et la productivité agricoles augmentent considérablement, grâce aux nouvelles techniques, plus faciles (et plus rentables) à implanter sur de vastes étendues d’exploitation. • La croissance est aussi stimulée par la demande mondiale qui augmente, entraînant une hausse des prix et conséquemment, des exportations. • Malgré ces progrès, l’économie rurale se développe plus lentement qu’en Europe, les nobles se montrant peu coopératifs, et les limites de la réforme se font sentir. Ce n’est qu’après les réformes de Witte et de Stolypine au début du siècle suivant que les choses s’amélioreront significativement.

  31. 3.2 – Achèvement de la première révolution industrielle • La fin du servage permet enfin le développement d’un marché de la main-d'œuvre. • Cela entraîne une augmentation de la production, générant des profits pouvant être réinvestis dans l’amélioration technique. • L’industrie mécanique du pays se met en place, permettant l’indépendance du pays dans ce domaine et facilitant la mécanisation du travail, ce qui est fait pour l’essentiel à la fin des années 1870. • Deux caractéristiques du secteur industriel russe de l’époque : la forte présence de capitaux étrangers et le niveau de concentration des entreprises. • À partir des années 70 apparaissent les premières organisations industrielles du pays (ex : Conseil industriel de l’Oural en 1870). • Malgré des progrès spectaculaires, l’industrie russe est encore en retard sur ses concurrentes de l’ouest.

  32. 4 – Politique étrangère 4.1 – Les Balkans • Le traité de Paris en 1856 met fin à la guerre de Crimée et la situation des alliés oblige ceux-ci à limiter leurs réclamations. La Russie perd une partie de la Bessarabie, mais surtout, se voit imposer une clause d’interdiction militaire sur la mer Noire. • Après de multiples efforts, la Russie parvient en 1871, face à une France affaiblie, à obtenir l’abrogation du traité de Paris, ce qui lui permet à nouveau de manifester sa présence militaire sur la mer Noire, qui conduit à son tour à une résurgence de sa politique balkanique.

  33. La faiblesse de la Porte attise les convoitises et en 1876, les puissances européennes la mettent en demeure d’octroyer l’indépendance aux populations balkaniques. • En conformité avec ce document, la Russie déclare à nouveau la guerre à la Porte. Les opérations lui sont très favorables et après avoir libéré la Bulgarie (1877), les forces russes arrivent à quelques kilomètres de Constantinople. Mais le Royaume-Uni s’interpose et la paix de San Stefano est signée : la Russie obtient le retour de la Bessarabie du Sud et la reconnaissance d’États slaves dans les Balkans (Serbie et Bulgarie, entre autres). • Trop avantageuse pour la Russie, cette paix sera révisée sous la pression des Occidentaux par le traité de Berlin (1878), qui redonne une partie des territoires à la Porte, tout en permettant à l’Autriche et au Royaume-Uni de se servir des succès russes et de spolier celle-ci des fruits de sa victoire.

  34. Les Balkans en 1878

  35. 4.2 – Extrême-Orient et Asie centrale • En 1860, le traité de Pékin met fin aux crises frontalières opposant la Chine et la Russie : l’Amour et l’Oussouri en constituent depuis la frontière. Ces territoires sont alors rapidement colonisés. • En 1855, c’était avec le Japon qu’un traité avait été conclu, lequel donnait Sakhaline à la Russie et les Kouriles au Japon. • Le règne d’Alexandre II voit aussi la fin de l’Amérique russe. Les colonies californiennes sont abandonnées, la Russie rejette une demande de sujétion d’Hawaï et en 1867, la Russie cède pour la somme ridicule de 7 millions de dollars l’Alaska aux États-Unis. • En Asie centrale, le territoire continue de s’étendre, avec la prise de Tachkent (1865) et l’annexion des khanats du Kokand (1865), de Boukhara (1866) et de Khiva (1873). La quasi-totalité de l’Asie centrale est alors entre les mains de la Russie.

  36. 5 – Arts- sciences et techniques 5.1 – Littérature et arts • Le réalisme continue de dominer, avec la publication des œuvres des plus grands écrivains de l’histoire russe : Dostoïevski, Tolstoï, Tourgueniev, etc. • Ces derniers doivent une partie de leur popularité à la multiplication des périodiques, dont le nombre atteint 804 à la fin du siècle. • C’est aussi en partie à ceux-ci que les grands dramaturges doivent leur renommée : Tchekhov et Ostrovski, célèbres pour leurs pièces de théâtre, sont d’abord connus comme des nouvellistes. • La fondation d’une école nationale de dramaturgie permet aussi le développement rapide de l’art dramatique russe.

  37. Tchekhov et Ostrovski

  38. Le Conservatoire de Moscou (1866) et celui de Saint-Pétersbourg (1862) permettent le développement d’une musique nationale russe, avec entre autres le groupe des cinq (Balakirev, Cui, Moussorgski, Borodine et Rimski-Korsakov), qui reprennent la voie tracée auparavant par Glinka. • Autre grand nom de la musique russe de l’époque, Piotr Tchaïkovski écrit alors ses grands ballets (La belle au bois dormant, Casse-noisette, Evgueni Onéguine, etc.). • En ce qui concerne les beaux-arts, le réalisme triomphe enfin, avec les grandes oeuvres de Fedotov, fondateur des Ambulants, qui constitue le plus important courant dans le domaine et dont font partie les Levitan, Perov et surtout Sourikov et Repine. • Le mécénat prend son envol et les entrepreneurs, commerçants et industriels jouent un grand rôle dans le développement de l’art. Les plus célèbres de ces mécènes sont bien sûr les frères Tretiakov.

  39. « Le matin de l’exécution des Streltsy » (Vassili Sourikov)

  40. « Les haleurs de la Volga » (Ilya Repine)

  41. 5.2 – Sciences et techniques • La Russie suit en ces matières les évolutions occidentales. En sciences exactes, la période verra la publication des travaux de certains des plus grands scientifiques de l’histoire russe (Setchenov et Timiriazev en biologie) ou universelle (Mendeleïev en Chimie). • En histoire, c’est l’époque des grands récits étatiques (Soloviev) ou sociaux culturels (Klioutchevski), qui contribuent à la formation d’une conscience nationale russe. • Les techniques se développent aussi rapidement, surtout dans les domaines des transports, de l’électricité et de la pétrochimie : première ligne télégraphique du pays (1852), premiers centraux téléphoniques (1882), apparition de lanternes au gaz à Moscou (1862), électrification des rues des grandes villes et construction de la première centrale électrique du pays (1881).

  42. 6 – Alexandre III 6.1 – Contre réformes - Montant sur le trône à la suite de l’assassinat de son père, Alexandre III est convaincu que c’est le libéralisme de ce dernier qui fut la cause de sa mort. D’où un conservatisme virulent. - La noblesse constituant l’assise du régime, la réduction de ses pouvoirs et prérogatives est considérée comme une erreur par le nouvel empereur. - Trois domaines principaux seront l’objet de ces contre-réformes, visant à revenir au moins partiellement à l’ordre qui prévalait avec le règne d’Alexandre II : les zemstvos, la justice et l’éducation.

  43. Alexandre III (1881-1894)

  44. En ce qui concerne les zemstvos, l’axe principal est le rétablissement de la centralisation et du contrôle du gouvernement sur ces institutions. • En matière de justice, 3 éléments renouent avec le contrôle tatillon du centre : en 1885, il est mis fin à l’indépendance des juges ; en 1887, au caractère public des procès et en 1889, à la participation généralisée de jurys. • En éducation, il fait le même raisonnement que Nicolas et considère que trop de liberté est nocif. En ce sens, l’autonomie universitaire est de nouveau supprimée et l’accès à l’éducation supérieure restreint en fonction de la classe sociale.

  45. 6.2 – Idéologie • Comme partout ailleurs, le nationalisme se développe. Mais dans un État multinational comme la Russie, cela pose problème. • Apparu sous Alexandre II, le chauvinisme grand russe atteint son apogée sous Alexandre III et Nicolas II. • Politiquement, ce chauvinisme prend la forme de politiques de russification et d’interdiction de diverses langues nationales (polonais, ukrainien) et de politiques discriminatoires contre les Baltes, les Finlandais, etc.

  46. Dans la population, le marxisme s’infiltre dans le mouvement ouvrier, poussant le régime à répliquer par la carotte et le bâton. • Dans la première catégorie, on peut citer l’interdiction des amendes, la réduction de la journée de travail pour les femmes et les enfants, les augmentations salariales, etc. • Dans la seconde catégorie, le remplacement de la 3e section par l’Okhrana renforce les capacités répressives du régime. C’est de cette époque que datent les politiques d’infiltration de la gauche par des agents de l’Okhrana. • Le populisme vit alors ces derniers jours, remplacé par l’idéologie marxiste, beaucoup plus militante. Le libéralisme recule aussi, laissant l’extrême gauche presque seule face au régime.

  47. Une faction populiste modérée survivra cependant et donnera naissance à un marxisme modéré (celui de Plekhanov). - « Volonté du peuple » tente de survivre : un attentat contre l’empereur échoue en 1887, entraînant la condamnation à mort d’Alexandre Oulianov. - Une grande grève éclate en 1885, alors que dans la capitale 11 000 travailleurs descendent dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de travail. La réponse du régime est habituelle : répression. Les meneurs sont arrêtés et déférés devant les tribunaux… qui leur donnent raison.

  48. 6.3 – Économie • La révolution industrielle étant pour l’essentiel achevée, Alexandre III s’emploie à développer l’industrie lourde pour en faire le moteur économique du pays. • L’afflux des capitaux étrangers et la politique de l’État vont permettre au pays d’afficher dans les années 90 les meilleurs taux de croissance du monde. • Le réseau ferroviaire se développe rapidement : entre 1865 et 1890, le kilométrage de voies ferrées est multiplié par 7. Cela permet le développement des échanges commerciaux à l’intérieur (multipliés par 3) comme à l’extérieur (multipliés par 4). • En agriculture, un ministère spécifique est créé en 1890. Une banque paysanne est aussi mise en place et l’État vient en aide à la paysannerie lors de la famine de 1891-1892.

  49. 6.4 – Politique étrangère • L’histoire a donné à Alexandre III le titre de « pacificateur » : le pays reste tout au long de son règne en marge des conflits. • Le territoire continue cependant de s’accroître (450 000 km2) en Asie centrale, sans qu’il y ait besoin de guerre. • Mais la Russie est sollicitée par les puissances étrangères, alors que s’amorce la « montée des périls » en Europe. • L’expansionnisme allemand pousse à une révision des alliances et la Russie se rapproche alors de la France, rapprochement qui donnera naissance à la Triple Entente. • En Extrême-Orient, la volonté russe de contrôler la zone suscite l’animosité japonaise, ce qui conduira éventuellement à la guerre.

  50. Nicolas II (1894-1917)

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