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La basilique royale de France
Dès le haut Moyen –Age, Saint-Denis a un rôle de nécropole royale, plusieurs rois mérovingiens l’ayant choisie pour lieu de sépulture. Dagobert est le premier à s’y faire inhumer, mais avant lui, la reine Arégonde, belle-fille de Clovis, y avait sa tombe, d’une richesse exceptionnelle, découverte lors de fouilles archéologiques dans la crypte. Plusieurs Carolingiens y sont enterrés , dont Charles Martel, Pépin le Bref et Charles le Chauve. A partir d’Hugues Capet, tous les souverains à l’exception de trois (Philippe 1er, Louis VII et Louis XI) sont inhumés à Saint-Denis. C’est Louis IX (saint Louis) qui commande les premiers gisants de pierre. Quant à la tombe du saint roi, ouvrage d’orfèvrerie, elle a été détruite durant la guerre de Cent ans.
La basilique Saint-Denis s’élève sur un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture du premier évêque de Paris, martyrisé vers 250. La tradition attribue à Sainte Geneviève l’édification du premier sanctuaire aux alentours de 475. Dès le Vème siècle, Saint-Denis est un lieu de pèlerinage et au VIIème siècle, Dagobert devient le premier bienfaiteur du monastère qui s’y est implanté. En 754, Pépin le Bref s’y fait sacrer roi par le pape. Ce lieu devient très puissant sous l’abbatiat de l’abbé Suger (1122-1151), régent de France, conseiller des rois durant la seconde croisade.
46 rois, 32 reines, 63 princes et princesses, 10 grands du royaume y reposèrent jusqu’à la Révolution. Rois sans tombeaux, les Bourbons prenaient place dans la crypte aménagée en caveau, leurs corps embaumés enfermés dans des cercueils posés sur des tréteaux de fer. En 1793, les révolutionnaires démontent les tombeaux, certains détruits, comme celui de Hugues Capet. Les corps profanés sont jetés dans des fosses communes. La Restauration restitue à l’abbatiale son rôle de nécropole royale. En 1817, Louis XVIII fait inhumer dans la crypte les ossements des rois. Il fait transférer depuis le cimetière de la Madeleine, les corps de Louis XVI et Marie-Antoinette. Avec plus de 70 gisants et tombeaux, la nécropole de Saint-Denis, s’impose comme le plus important ensemble de sculptures funéraires du XIIème au XVIème siècle.
La construction de l’église carolingienne s’achève en 775. L’édifice est alors composé d’une nef à trois vaisseaux et de neuf travées. Elle s’achève par une abside surélevée en raison de la présence d’une crypte. L’abbatiale est agrandie à l’est en 832. En 1140, l’abbé Suger commence par remanier le narthex. Il opte pour la façade harmonique apparue pendant la période romane. Pour la première fois, une rosace apparaît au-dessus du portail central. L’architecture du chevet est encore plus innovante. Le portail du bras nord du transept.
Le portail central de la façade. La façade de la basilique est novatrice par sa rosace centrale et la disposition des trois portails sculptés inscrits dans cette répartition tripartite de la structure et des vaisseaux intérieurs. La référence trinitaire est évidente, sur l’idée de la création et le rachat, dans les sculptures de pierre et les portes de bronze : Christ en majesté du Jugement Dernier.
Vue de l’intérieur de la basilique qui comprend une nef, des transepts, le chœur, un déambulatoire et des chapelles rayonnantes. Sous cet énorme édifice, on trouve la crypte qui abrite les vestiges de l’abside de l’église carolingienne de l’abbé Fulrad, consacrée en 775. Il s’agit d’une crypte-martyrium, souvenir de l’emplacement des reliques de saint Denis et de ses compagnons qui y furent conservées jusqu’au XIIème siècle.
Rosace du transept nord. Les vitraux de Saint-Denis sont un élément majeur de l’art pictural du XIIème siècle et marquent les débuts du vitrail en Ile-de-France. Ce transept est de style gothique flamboyant.
Ci-dessous, chapelle de la vierge. Reliquaire contenant un poignet de Saint-Louis. Ci-dessus, chapelle Saint-Hilaire Retable du XIIIème siècle en pierre. Ci-dessus, chapelle Saint-Pérégrin. Retable du XIIIème siècle en pierre.
Le Chevet est agrandi pour donner plus de la place aux reliques de Saint Denis. Les stalles restent dans les travées orientales de la nef. Détail de l’élévation du triforium et de la claire-voie.
Cénotaphe du roi Dagobert Le choix de la basilique Saint-Denis relève davantage d’un attachement du roi Dagobert à l’abbaye dont il fut bienfaiteur, un bienfaiteur que les moines considérèrent comme leur fondateur. Sous les Carolingiens, des préférences ou des hasards du trépas, susciteront l’attraction ou subiront l’abandon aux bénéfices de divers lieux tels que Saint-Rémi de Reims, Aix-la-Chapelle etc..Ce sont les Capétiens qui ont renoué la tradition pour assurer le destin de la nécropole.
La nécropole de l’abbaye abrite de nombreux gisants ainsi que des orants dont voici les définitions : • Gisant : statue ornant un tombeau et représentant le mort, allongé, le plus souvent les mains jointes. Un petit animal est, fréquemment, présent aux pieds de la statue ( ou un coussin ). Les visages et les membres sont ceux de jeunes vivants endormis. Les vêtements, souvent magnifiques, ont les plis qu’ils devraient avoir si la statue était à la verticale. • - Orant : Personnage représenté dans l’attitude de la prière, fréquemment dans le cadre d’une sculpture funéraire.
Le tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne, Commandité par François 1er, il est l’œuvre de sculpteurs florentins établis en France, les Gusti. Le dais en arcades en forme de « tempietto » à l’antique, orné des statues des apôtres, abrite les transis du roi et de la reine. Au-dessus, le couple en prière est le symbole de leur résurrection. Sur le soubassement se déroulent les hauts faits de la vie de Louis XII. Les vertus cardinales symbolisent les qualités attribuées aux souverains.
Le tombeau de Henri II et de Catherine de Médicis Il est né de la volonté de la reine d’édifier à la mémoire de son époux et en l’honneur des Valois, un monument funéraire grandiose. Conçu par le Primatice, sculpté principalement par Germain Pilon, le tombeau en forme de temple associe marbre et bronze.
Tombeau de François 1er (1494-1547) Et de Claude de France (1499-1524) Gisants de Charles, Duc d’Orléans Louis, Duc d’Orléans, Valentine Visconti, Philippe, comte de Verthus(XIVème-XVème siècle). En soubassement 24 statues représentant les apôtres et des saints.
Ci-dessous la statue gisante de Marguerite de France, comtesse de Flandres. (1382) Monument de cœur commandé par Henri II pour abriter le cœur de François 1er. Ci-dessus, le gisant de Bertrand Duguesclin, (1320-1380)
Tombe de la reine Frédégonde. (545-597) Marie de Bourbon en prière.
Ci-contre les gisants de Charles VI, dit le fou (1368-1422) et de Isabeau de Bavière (1371-1435) A droite les gisants de Clovis 1er (465-511) et de Childebert 1er (496-558)
Ci-dessous Philippe d’Anjou et Louis de France, des gisants enfants.
Ci-dessous, Louis VI le Gros (1080-1137), Robert le Pieux (970-1031) Constance d’Arles (984-1032) Louis X le Hutin (1289-1316) Jean 1er , dit le Posthume ( 1316)
Ci-contre, à droite le gisant de Blanche de France (1320) Ci-contre, à gauche le gisant de Jeanne de France et un enfant. (1311-1349)
Statue gisante d’Isabelle d’Aragon ci-dessous au premier plan (1247-1271) Ci-dessus, Charles, comte d’Etampes (1336) Marguerite de Flandres (1382)
Ci-dessous, le gisant de Louis XII, (1462-1515) Robert, dit l’enfant (1300-1317) Petit-neveu de Saint Louis.
Ci-contre, à droite Statue gisante de Louis de France ( le grand dauphin) (1661-1711). Ci-contre, à gauche Marie d’Espagne (1319-1375) Charles II d’Alençon (1297-1346)
Louis III (863-882) Carloman (866-884) Pépin le Bref (714-768) Berthe, dite au Grand pied (726-783) Charles, comte de Valois (1270-1325) Blanche de Navarre (1332-1398) Jeanne de France (1371)
Statues orantes de Louis XVI et Marie-Antoinette commandées par Louis XVIII.
L’entrée de la crypte et l’ossuaire où sont notés sur des plaques de marbre les noms de tous les rois des différentes dynasties. La crypte du XIIème siècle est celle construite par l’abbé Suger pour asseoir solidement le chevet de la nouvelle église. Dans l’ossuaire sont conservées, désormais, les cendres des rois.
Ce coffre en pierre abrite les cendres et ossements de : Philippe, dit Roi Dagobert, frère de Saint Louis.Louis, fils ainé de Saint Louis, Jean, troisième fils de Saint Louis, Blanche, fille aîné de Saint Louis, Louis et Philippe, fils de Pierre comte d’Alençon, cinquième fils de Saint Louis, Robert , fils de Philippe d’Artois.
La chapelle centrale de la crypte édifiée à l’est du chevet carolingien possède des chapiteaux historiés, rare témoignage de la sculpture romane en Ile-de-France. Caveau des Bourbons du XVIIème siècle à la Révolution, Napoléon y fit rassembler les corps de Louis XVI, Marie-Antoinette, Louis XVIII, Louis VII et Louise de Lorraine.
Dans la crypte, la chapelle consacrée aux Bourbons contient les cénotaphes et bustes de rois de France tels que Henri IV, Louis XV et Louis XIV.
Le cénotaphe de Louis XIV. Ici repose le corps de Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV, décédée au château de Versailles le 30 Juillet 1683.
Ci-dessous, le sarcophage mérovingien d’ Arégonde inhumée vers 565-570. Les premières fouilles eurent en 1939. Elles furent plusieurs fois stoppées puis reprises pour la dernière fois en 1973 et restées en l’état depuis 1992.
La basilique Saint-Denis est également le lieu de conservation des objets ayant servi aux sacres qui se déroulaient dans la cathédrale de Reims : sceptre, couronne, main de justice, épée ainsi que l’oriflamme (bannière) qui flottait aux côtés du roi durant les combats. La basilique a accueilli les funérailles des rois pendant près de mille ans. A partir de 1260, Saint Louis fait réaliser le gisant sculpté de tous ses prédécesseurs. La basilique est pillée pendant la Révolution. Napoléon commence la tâche de récupérer, du moins, une partie des ossements en 1802 et les fait inhumer dans la crypte, tâche poursuivie par Louis XVIII. La visite de cette basilique nécropole est une merveille pour les yeux et un grand moment d’émotion.
Photos personnelles. Informations prises à la basilique et sur le net. Musique de Haendel, le Messie « The Lord gave the word » Conception et réalisation de Liliane Cavallari. Avril 2007.
« Montjoie Saint Denis » Cri de ralliement des chevaliers sur les champs de batailles du XIIème au XIIIème siècle. Cet étendard est une belle image de l’union personnelle entre l’abbaye, le saint patron et le roi.