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jeudi 5 juin 2014 05:12 h. VAGABONDAGE EN ASPE. Extra i ts d’un livre signé GRAO-GROLLEAU, paru aux Éditions MonHélios. De magnifiques textes, de délicats croquis pour vous parler de ma région. La Vallée d’Aspe, située en Béarn (Pyrénées Atlantiques – France) vous conduit de ma
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jeudi 5 juin 201405:12 h. VAGABONDAGE EN ASPE Extraits d’un livre signé GRAO-GROLLEAU, paru aux Éditions MonHélios
De magnifiques textes, de délicats croquis pour vous parler de ma région. La Vallée d’Aspe, située en Béarn (Pyrénées Atlantiques – France) vous conduit de ma ville, Oloron-Ste-Marie, jusqu’à la frontière espagnole. Le dessinateur et le poète se sont unis pour lui rendre ici un vibrant hommage, dans ce petit livre intitulé « Vagabondage en Aspe ». Bien entendu, ce ne sont ici que quelques extraits. Je voudrais que tout le monde puisse se procurer ce magnifique ouvrage, et ainsi faire mieux connaissance avec mon coin de Béarn… En tout cas, bonne promenade !
Clair de lune Réveillé dans la nuit, je pousse les ventaux du refuge ; Nul besoin de lumière pour y voir ; Sous la clarté lunaire, Le paysage est irréel. J’ai toujours apprécié le silence régnant Sur la sereine estive, Mais le silence diurne, aussi immense soit-il, N’est pas l’absence de sonorités ouatées, Les yeux devinent le bruissement. …/…
(suite) Le silence nocturne est d’une autre nature ; Plus profond, plus sidéral.Notre regard change l’univers, On lève naturellement les yeux vers le monde stellaire.À ce moment, On entend ce que l’on voit. Seul sous les étoiles, Le sol éclairé par une nitescence blafarde Balayant les couleurs, Je mesure l’incommensurable solitude De notre existence. Alors, humbles, nous bénissons ce Dieu Dont nous sentons le céleste souffle À la lueur qu’il pose Dans notre Cœur.
Contemplation Sur son roc, l’isard altier, Tête haute, narine dilatée, Salue l’astre de majesté. Rien ne nous dit pourquoi Nous sommes sur cette terre. Mais un peu d’amour Embrase cette obscure sphère Lorsque le soleil s’élève Dans notre cœur. Voilà tout. Aimons. Faut-il une raison ? Le froid de la nuit Pose sur ton front Une vapeur cristalline. L’aube pour diadème, Tu souris à l’ange de lumière Qui nous hisse Hors des ténèbres. Les ailes grandes ouvertes, Gracieuse ballerine, L’oiseau de feu Danse dans les cieux.
Crépuscule Le bleu intense du ciel paisible, La neige marmoréenne miroitant Sous les feux d’Hélios, Voilà les deux couleurs hivernales. Le froid glacial fige l’euphonie, Reste le silence aussi pur que l’azur. Trois lourds vautours, Par quelques amples battements, S’éloignent et franchissent la brèche. Rien ne vit, rien ne bouge, Tout est enfoui dans la terre, dans la neige. …/…
(suite) Une myriade de chocards s’élève En tournoyant, sinistre tornade noire, Hiatus dans la blancheur éblouissante. Les ombres s’allongent, Le vallon n’a pas vu le jour, Le gel n’a pas desserré son étreinte Que déjà la nuit revient. Le soleil glisse peu à peu dans le néant, Il s’accroche à la neige Comme un mort à sa tombe ; Résiste, rampe, mais le gouffre hideux L’engloutit Inexorablement.
Paysages Ces quelques vers limpides sont en parfaite symbiose Avec le panorama se déroulant autour de nous. Au loin, l’opulence des montagnes basques Tranche avec, sous nos yeux, la raideur Des lames calcaires jaillissant aux confins de la Gascogne. Au cœur du cirque des harmonies, Nous contemplons l’équilibre des formes, Des couleurs, des lumières, Et nos pensées s’envolent. Que seraient ces paysages Sans notre regard ?
Altitude As-tu ressenti, montagnard, en sortant des nuages, Ce sentiment d’élévation envahir ton âme, Ce feu qui embrase ton esprit Et brûle tes idées noires ? Laisse ce couvercle oppressant Étouffer la clameur de la ville Et ses turpitudes ; Lève les yeux, Écoute l’appel de l’altière aiguille Scintillant dans la limpidité vivifiante. …/…
(Suite) Dès l’aube éblouissante, marche sur un tapis adamantin De myrtilles et de rosée. Grimpe, par les chemins les plus rudes, Rejoindre là-haut le faucon agaçant Le vol magistral du gypaète. Hume le miel s’évaporant dans l’azur et laisse Ce divin nectar t’enivrer pour t’initier ainsi À la sagesse et au langage des choses muettes. Ami, d’une aile vigoureuse, Élance-toi au-dessus de l’espace, Plane voluptueusement par delà les sommets, Et, enfin apaisé, La vie se révèlera, La merveilleuse Vie.
Agenouillé à tes pieds, Mes yeux émerveillés Caressent inlassablement Ta beauté virginale. Le vent qui passe dans tes cheveux Récite un poème antique Au rêveur cheminant ici-bas.Ce chant, grave et mélodieux, S’unit à la complainte du marcheur En quête d’idéal Pour devenir prière, Car, dans l’incommensurable clarté, Mon Dieu, Tu nous guides Vers l’espoir, le bonheur, L’amour. Ivresse Dans le soleil couchant, Ton regard cristallin Illumine mystérieusement Ton visage opalin. D’un souffle léger, Tu répands dans l’azur L’or et le rubis, Qui tombent en poussière Sur le tapis adamantin Que mon pied maladroit N’ose souiller.
Regarde cet arbre Marcheur, Toi qui passes en ahanant, les yeux fixés sur le chemin, Pliant le dos sous ta charge trop lourde, Arrête-toi un instant et regarde cet arbre là-haut, Contemple son austère beauté. Ancré sur son éperon granitique, Il scrute, d’un regard lointain, l’immensité céruléenne. L’aigle d’un vol majestueux vient tutoyer sa cime, Et ses branches supportent impassibles La morsure des serres royales. Dans un étincelant décor apocalyptique, Sentinelle abandonnée, il veille pathétique à l’entrée de la vallée, Suspendu au-dessus de l’abîme ténébreux. Il ne veut pas mourir Arraché comme un fétu par la fureur éolienne, Ni foudroyé par la brutalité sournoise de l’éclair. La vie est là, paraissant impossible, Pourtant la racine lézarde bien le roc. …/…
(Suite) Lui, le colosse immobile depuis des siècles, Brûlé par les bourrasques de neige et de grêle, Subit en silence son martyre dans l’indifférence et la solitude. Son tronc torturé, sa chair suppliciée, Les pieds plongés dans la misère, Il élève les bras au ciel, Suppliant Dieu de soulager sa souffrance. Et nous passons, insouciants, devant ce géant Sans lever les yeux, ignorant cette magnificence tragique, Crachant parfois. Qu’importe l’absence d’un regard, Il ne demande pas la compassion, Il est dans le monde. Montagnard, Toi qui chemines dans les pas d’illustres pyrénéistes, Te précipitant sur les cimes adamantines ou repose l’empyrée, Et t’approchant de cet arbre écoute et laisse-toi attendrir Par la poésie et le touchant murmure des sylvains.Ils te délecteront à la féerie d’une autre sphère éblouissante : La forêt pyrénéenne.
Imperceptiblement, Du silence marmoréen Sourd un bruissement. Il n’est pas gémissement d’agonisant Mais un discret frémissement roboratif. Qu’importe la chape d’acier De ce froid létal, Il s’élève léger, fragile ; Une caresse soyeuse effleure les pentes glacées. Le frissonnement se tonifie Et s’enhardit à repousser la neige De plus en plus haut. Le murmure enfle, devient battement Puis grondement, partant chercher dans l’azur La vie Pour qu’elle coule et inonde le val Accueillant ce don. N A I S S A N C E
Poète : Jean-Paul GRAO Illustrateur : Michel GROLLEAU Éditions MonHélios, F-64400 Gurmençon (France) Chant traditionnel béarnais interprété par Les Chanteurs du Faget d’Oloron : « La complainte du berger » Contact : J.Abadie, O5 59 39 20 08 Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Jacky.questel@gmail.com http://jackydubearn.over-blog.com/ Site : http://www.jackydubearn.fr/