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AVEC MARIJO. EN PRADINES. La Maison des Abeilles. Outre le plaisir de la création, mes diaporamas m’apportent la possibilité de rencontrer, à l’occasion, des personnes assez extraordinaires…
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AVEC MARIJO
EN PRADINES La Maison des Abeilles
Outre le plaisir de la création, mes diaporamas m’apportent la possibilité de rencontrer, à l’occasion, des personnes assez extraordinaires… C’est ainsi que, dans le Tarn, dans la petite commune de Massac-Séran, j’ai découvert un homme original, passionné, à la fois créateur, artisan et artiste qui, depuis 25 ans, met toute son énergie à redonner vie à une demeure qui existait déjà au XIIIe siècle mais qu’il a trouvée en ruine! Cet homme, Compagnon cuisinier-pâtissier sous le nom de « Tarnais Cœur Loyal », s’applique à rappeler le Compagnonnage dans toutes ses réalisations. J’ai donc eu une grande envie de vous faire partager les plaisirs de cette rencontre mais ce diaporama se veut aussi un remerciement pour son accueil et son généreux partage.
Massac-Séran jouxte la petite ville de Lavaur, dans le Tarn.
Massac-Séran possède une double origine : Massac qui vient du Romain Macius et Séran qui vient de Serano(espace clos). La Serano constituait un ensemble médiéval composé de la chapelle, du vieux cimetière détruit à la Révolution et d'habitations, probablement en torchis. En Pradines était la demeure seigneuriale de ce gros hameau. Une base de datation permet de la situer en 1280. En 1432 cette habitation aurait été donnée en dot au Carmel de Lavaur par une veuve dont l’unique fille entrait dans ce couvent. Devenue bien public à la Révolution, elle fut vendue aux enchères en 1848. Revendue vers 1908, elle devint domaine agricole. Abandonnée en 1955, elle tomba en partie en ruines.
Dès l’entrée de la demeure à visiter, de chaque côté du portail, des toques de céramique, installées sur les piliers rappellent le métier du maître de céans. Elles sont supportées par des outils évoquant l’attachement aux métiers.
Claude cherchait une maison ancienne à acheter, une maison dont on puisse sentir la vie passée, une âme endormie mais toujours présente. Quand il tomba sur cette ruine , il en fut de suite amoureux. Encore fallait-il convaincre son épouse, Yvette, du fait que cela deviendrait la maison idéale pour eux, ce qui ne lui semblait pas évident de prime abord! Ils commencèrent à nettoyer le site en février 1986, à restaurer et à aménager les anciennes porchères ainsi que les abords des bâtiments, en 1987. L’année suivante, ils créèrent le parc puis, en 1989, ce fut une gloriette de jardin, en pierre de taille, de style XIIIe siècle. En 1990, eut lieu la reconstruction du four à pain et sa mise en service.
A l’entrée du jardin, on est frappé par un globe fait d’arceaux de barriques, symbolisant la terre avec, au centre, une toque en bronze coulée sur place, par les soins de Claude, à la gloire de son métier.
L’entrée de la maison a été réalisée avec les restes de l’ancien bassin de l’Evêché de Lavaur détruit probablement à la Révolution et ces pierres jetées dans l’Agout. En 1992, Claude a réussi à les récupérer ce qui lui a permis cette réalisation. Avec un autre compagnon, Vaudois l’Ami des Arts, une mosaïque a été créée sur le parvis. Elle a pour thème Saint Martin sur son cheval, partageant son manteau avec un pauvre à genoux qui tient dans sa main une écuelle.
Le symbole du partage apparaît dès l’abord de cette maison. Au dessus de l’entrée, dès l’origine, un cœur fut gravé dans la pierre. Claude confie : «Ce fut, en 1986, l’élément qui détermina au fond de moi-même, l’impression que c’est ici tout particulièrement que l’histoire devait se poursuivre . Preuve en est que l’histoire s’auto-écrit, les évènements se sont succédés les uns après les autres dans ces lieux jusqu’à ce jour. De mémoire, c'est certainement l'élément qui m'a le plus marqué le premier jour où j'ai découvert En Pradines »
Une petite tour a été complètement réalisée par Claude. Et, en digne compagnon, il a voulu la munir d’un ouvrage spectaculaire : une guitarde surmontant la porte d’entrée. Elle a été réalisée dans un atelier de charpente en Dordogne et fut mise à l’honneur dans cet atelier, lors des journées du patrimoine 2011, avant de prendre sa place définitive. Dans le futur, elle sera recouverte d’ardoises.
Savez-vous ce qu’est une guitarde ? Moi, je l’ignorais complètement avant de connaître Claude! Une guitarde, c’est un ouvrage de charpente, réalisé avec soins, dont toute la maîtrise repose sur « L’art du Trait ». Cette connaissance de la géométrie remonte à l’antiquité. Développée au Moyen Age, elle atteint son apogée au cours du XIXe siècle. Elle doit obligatoirement comporter un ou des liens en forme de tenailles, ces éléments de bois qui se croisent comme ceux de l’instrument… Cette réalisation est un travail de longue haleine. Celle-ci a été conçue et exécutée par Alain Audrerie, charpentier et Compagnon du Tour de France. Commencée en 2005, elle a nécessité plus de 2500 heures de travail et s’est terminée récemment par sa mise en place. Elle comprend 22 liens.
Les charmantes fenêtres de la maison! Elles comprennent volets intérieurs et extérieurs
L’entrée de la piscine avec, encore, un portail constitué de vieux outils et rempli de symboles…
Autour de la cave, ces représentations des quatre éléments : en haut, à gauche, l’eau, à droite, la terre, au centre, l’air et en bas, le feu.
En 1988, des amis, propriétaires du restaurant de l'Entrecôte à Toulouse, proposèrent à Claude de grandes baies dont ils n’avaient plus l’utilisation après d'importants travaux. Il songea alors à un aquarium et les entreposa en attente! Puis, le vent du nord aidant, il pensa que faire un kiosque fermé mais clair pourrait être particulièrement intéressant… Le projet de la gloriette vit alors le jour. Il fallait que les baies s’adaptent parfaitement car on ne pouvait les couper : elles étaient blindées! D’après Claude, c’est « La magie du nombre d’or » qui a donné le tempo de la construction…
« Lieu de lumière, à l’ombre de la création, elle se dresse comme un refuge, elle est le fruit d’un imaginaire où le bruit devient silence, où la vie devient éternelle, où le temps s’arrête pour initier les hommes. Elle représente un hommage au Grand Architecte; son serviteur n’a eu qu’un seul souci, réaliser un ouvrage qui soit un lieu de rencontre et de communication. Le symbolisme a été choisi pour son universalité, commun aux peuples de cette planète; il représente un langage simple.» (Claude Sommaggio)
« La Gloriette a été orientée à la naissance du solstice d’été, le 21 juin 1989, à 4 h 20, temps universel ( TU). Cette date a été volontairement choisie pour deux raisons : la première, c’est le bicentenaire des droits de l’homme, la deuxième, c’est le centenaire de la création de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis et la réunification des trois Rites. Une occasion toute particulière pour marquer ces deux événements importants. » (ClauderSommaggio)
« La mosaïque à l’entrée, réalisée par Vaudois L’Ami des arts, représente les scènes de la vie, les quatre éléments, la famille, la sagesse, le riche qui fait l’offrande et se masque le visage, l’intellectuel, celui qui travaille la terre, et celui qui travaille de ses mains, mais encore un nombre important d’éléments à découvrir. » (Claude Sommaggio)
Dans la gloriette, une autre sculpture de Claude. En fait, on retrouve dans cette construction une foule de symboles que je ne pourrais énumérer… Claude a voulu aussi illustrer par du faux vitrail, ceux qui, selon les légendes, seraient à la base du Compagnonnage, les bâtisseurs du temple de Salomon : le roi lui-même; maître Jacques et le père Soubise. Après la construction, Maître Jacques serait venu en Provence et le Père Soubise à Bordeaux…
Maître Jacques Père Soubise Salomon Deux mains en élévation symbolisent le chiffre dix, double pentagone ou unité de DIEU, dont jaillit l’Union éternelle. Au-dessus, la lune, symbole de la fécondité et de transmission du savoir.
Plusieurs pièces, dont quelques assiettes, évoquent des moments importants de la vie des Compagnons…
Un lampadaire fait de vieux outils où l’on peut remarquer les lettres U et C entrelacées ce qui signifie : Union Compagnonnique.
Dans cette sculpture, on peut identifier un poisson, à gauche de la fourche.
Ici, Claude a voulu représenter un dinosaure et à droite, il s’agit d’un support à plateau.
Rappelant le statut ancien de la propriété, on trouve l’entrée d’un souterrain, fermée par une grille également réalisée avec d'anciens outils. On peut y observer l’équerre et le compas entrelacés. Ce souterrain permet l’accès, sans doute plus ou moins facile, à de très grandes salles pouvant abriter jusqu’à une trentaine de personnes.
Le voici, notre ami Claude, auprès des canalisations qui permettent la circulation de l’eau.
A gauche, le four restauré qui a joué un grand rôle dans le village puisque c’était le « four banal », utilisé par tous. A droite, une planche à carder la laine et le lin avec des clous en fer forgé et, sur cette planche, des motifs datant de la Révolution.
Une vue d’ensemble avec les allées de buis et, à gauche, une autre des sculptures qui ornent le jardin!
A droite, la fontaine avec son petit bassin où a été sculpté le Chrisme, avec le lapin au centre de l’alpha et l’oméga qui nous rappelle que nous sommes des apprentis sur le chemin de la vie. Et sur l’arc, le N pour Nathalie, rappelant sans doute un être important dans la vie du concepteur…
La salle à manger qui sera complétée par une cuisine moyenâgeuse derrière le muret…
Encore œuvres de Claude, ce chapiteau et la poutre de chêne.
A l’étage, près de la chambre des maîtres non encore terminée, cette immense terrasse, avec vue sur la cité de Lavaur.
A proximité de la terrasse, ce bar vient tout droit de l’ancien hôtel qui était la propriété de Claude et qui a fermé ses portes.
D’en haut, la vue sur la piscine. Le bâtiment de gauche abrite une cuisine d’été
En 2001 et 2002, ce fut l’aménagement du grand salon avec l’aide d’un aspirant compagnon. La clef de voûte de l’arc plein cintre est gravée d’une croix de Templier représentant le blason de La Selve, village de l’Aveyron d’où est originaire Yvette. La maison a été habitable en 2003 mais Claude et Yvette y ont d’abord logé leurs enfants temporairement. Ils s’y sont installés à leur tour en 2008 et depuis, ils continuent les travaux…
La cheminée restaurée est d’origine. Sur le haut, a été insérée la clé de voûte de la tombe d’un Templier, ramassée sur le chemin de Saint-Jacques. Elle représente la mort initiatique et la dualité régies par le Grand Architecte. Sur les chapiteaux d’angle supportant le linteau, Y et C pour Yvette et Claude.
Sculpté par Claude, ce symbole de Venise : le Lion de Saint Marc, avec le texte en Latin « pax tibiMarce Evangelista meous « , Paix à toi, selon Marc l’Evangéliste. Ce symbole rappelle les origines vénitiennes des père et mère de Claude.
Sur ce panneau de l’horloge ont été sculptées, au-dessus du blason des Séran, trois roses et deux colombes de la Paix. Bourguignon la Sincèrité, Compagnon de Montauban, en est le créateur. On peut, également, voir ce blason sur l'arc plein cintre extérieur donnant sur la conciergerie, et sur la porte de la cave.
Cette maison, Claude la nomme la Maison des Abeilles. Je lui ai demandé pourquoi et voici la réponse : « La première raison est toute simple : il y a des ruches En Pradines car je suis très écolo, respectueux de la nature. La deuxième, c’est la maison de la Mère : la ruche des Compagnons. Les abeilles symbolisent ce monde des travailleurs , mais c'est aussi le symbole du partage, de la fraternité et de la mutualité qui a toujours existé depuis l'antiquité dans le monde des ouvriers Compagnons , bien avant la Sécu .... La troisième raison, c'est que nous aimons recevoir et partager. En Pradines est devenu une étape sur le chemin de St Jacques où l'on peut trouver le gite et le couvert ( gratuitement). C'est aussi ça le Compagnonnage. »
Nous voici à la cuisine d’été. On y retrouve une belle collection de cuivres.
Un autre aspect de la cuisine d’été. Dans l’atelier, avec la hotte de la forge surmontée d’un fer à cheval et d’un coq, plusieurs pièces de musée! Il faudrait beaucoup de temps pour découvrir toutes les richesses de ce capharnaüm!!
Au-dessus d’un arc extérieur, Claude a gravé ce livre avec une rose à gauche et à droite, la représentation de sa marque de Compagnon. Toutes ces lignes ont une signification : naissance et mort du corps mais aussi recherche continuelle de la perfection qui n’est jamais atteinte. A la base, l’orientation des compagnons tournés vers la lumière.
Et maintenant, Claude s’est lancé dans des activités de tailleur de pierre! Il reste encore beaucoup à faire pour terminer cette demeure! Il explore, tour à tour, divers métiers de la construction!
Douze jours après ma visite, le résultat est là! La fenêtre qu’il taillait alors, est prête à être installée dans la tour!
En guise de conclusion, je veux redonner la parole à Claude: « Sur l'arc plein cintre extérieur côté cuisine un livre que j'ai sculpté d'un côté une rose pour la Mère Ruthénoise la Vertu de Silence et de l'autre ma marque de Compagnon , j'ai voulu à travers cela marquer notre présence en ces lieux, quelque part signifier que nous étions deux à s'y être investis.. Que ces lieux marquaient aussi une grosse partie de sacrifices et d'Amour de notre vie. » Ce livre ouvert, que j’ai présenté plus tôt, vous le retrouvez ci-dessous. Pour plus de compréhension, je dois préciser qu’Yvette a été intronisée mère des Compagnons du Midi-Pyrénées sous ce nom de « Mère Ruthénoise la Vertu de Silence »