250 likes | 372 Views
Cinquante ans après Spoutnik. L’exploration spatiale en 11 bilans. © Claude Lafleur , journaliste scientifique, août 2007. Cinquante ans après Spoutnik. L’exploration spatiale en 11 bilans :. • Cinquante années d’exploration et d’utilisation de l’espace • À quoi servent les satellites ?
E N D
Cinquante ans après Spoutnik L’exploration spatiale en 11 bilans © Claude Lafleur, journaliste scientifique, août 2007
Cinquante ans après Spoutnik L’exploration spatiale en 11 bilans : •Cinquante années d’exploration et d’utilisation de l’espace •À quoi servent les satellites ? •Qui utilise des satellites ? •La conquête de l’espace en 25 dates •Neuf découvertes remarquables •L’espace, un théâtre d’opérations militaires ? • Quelles sont les véritables « retombées spatiales » ? • À quoi servent vraiment les satellites militaires ? • Qu’a-t-on découvert en allant sur la Lune ? • Des dépenses (in)justifiables ? •Que nous réserve l’avenir ? •Qui suis-je ?
Cinquante années d’exploration et d’utilisation de l’espace Depuis la mise sur orbite de Spoutnik, le 4 octobre 1957, près de 6 600 satellites, sondes spatiales et vaisseaux habités ont été lancés*. Ceux-ci remplissent une foule de tâches. Par exemple, les vaisseaux acheminent des équipages en orbite alors que les sondes explorent les planètes. Jusqu’à présent, 257 vaisseaux ont transporté 1 021 humains, soit 460 personnes différentes (certaines s’étant rendues dans l‘espace plus d’une fois). Or, 460 humains, sur les 6½ milliards que nous sommes, c’est bien peu… Par ailleurs, 207 sondes ont été dépêchées vers les astres du Système solaire, principalement vers la Lune et Mars. Ce sont les grands explorateurs de notre temps: Voyager, Viking, Cassini, Galileo, Stardust, Spirit, Opportunity… Quant aux satellites − ces robots placés par milliers en orbite terrestre −, ils assurent une variété de fonctions quotidiennes. Certains relaient nos communications, d’autres suivent la météo ou observent le sol et les océans à des fins civiles et militaires. D’autres satellites rendent des services comme le positionnement GPS ou la localisation des personnes en détresse, ou encore étudient l’environnement, observent l’Univers ou font de la surveillance. * Très précisément 6 580 au 20 septembre 2007; voir Référence (1)
Parmi les 6 600 engins spatiaux lancés à ce jour: À quoi servent les satellites ? (au 1er août 2007) Référence 2 .
Des 6 600 engins spatiaux lancés à ce jour: 53 % sont russes 27 % sont américains 8 % sont commerciaux* 4 % sont européens 1,7 % sont japonais 1,7 % sont chinois 0,7 % sont indiens 0,4 % sont canadiens 1,9 % appartiennent à d’autres gouvernements 1,3 % sont « amateurs »** Qui utilise des satellites ? (au 1er août 2007) * satellites appartenant à des firmes privées, principalement des pourvoyeurs de services de communication. ** petits satellites construits par des étudiants ou par des radioamateurs. Référence 3
L’espace, un théâtre d’opérations militaires ? 56 % de tous les satellites lancés à ce jour l’a été à des fins militaires. Est-ce à dire que l’espace est avant tout un territoire de guerre? Non. Au contraire même. Lorsqu’on analyse les fonctions remplies par les 3 665 satellites militaires, on observe que près de la moitié d’entre eux (48 %) a eu pour tâche de surveiller ce qui se passe sur la planète ou de détecter le tir de missiles ou le déclenchement d’essais nucléaires. Or, comme nous le verrons, ce genre de satellites oeuvre davantage au maintien de la paix qu’à la conduite d’opérations de guerre. D’autre part, plus du tiers (36 %) des satellites militaires assure des services, principalement la transmission des communications sécurisées, la navigation (système GPS) et la météo. Enfin, la dernière tranche (15 %) sert surtout à la mise au point d’équipements et à l’étude de l’environnement spatial. En tout et pour tout, on ne dénombre qu’une centaine de satellites que l’on pourrait qualifier de «guerriers», la moitié ayant servi à la mise au point de systèmes anti-satellites et l’autre à des programmes de type «Guerre des étoiles». Toutefois, aucune arme n’a jamais été placée en orbite terrestre.
Quelles sont les véritables « retombées spatiales » ? On rapporte couramment que les principaux bénéfices de l’exploration spatiale – ce que la NASA appelle les retombées spatiales – seraient principalement des avancées technologiques telles que le velcro, la miniaturisation de l’électronique et des ordinateurs, la mise au point de tissus aux propriétés originales (dont le kevlar utilisé pour les vestes parre-balles) ou encore d’importantes percées médicales. Or, tel n’est pas le cas. Les véritables retombées spatiales, ce sont les satellites qui chaque jour et sans même qu’on le réalise jouent des rôles prépondérants dans nos vies. Il en va ainsi des satellites de communication qui relaient non seulement nos appels téléphoniques à l’échelle planétaire mais qui assurent également la couverture des événements sportifs et d’actualité en temps réel. Ces satellites ont transformé notre planète en un village global où on suit tout ce qui s’y passe au moment présent. Il y a en outre les satellites météo dont les observations sont montrées chaque soir aux bulletins d’information. De plus, en suivant de jour en
jour l’évolution des ouragans, des inondations et sécheresses, ainsi que les autres catastrophes naturelles, ces satellites préservent chaque année des milliers de vies… en plus de faire épargner des milliards $. Une autre gamme de satellites qui préservent directement des vies est celle des engins de sauvetage qui captent et relaient les signaux de détresse émis par des balises à bord d’avions, de navires ou transportées par des voyageurs. Selon l’agence météorologique américaine NOAA, 222 Américains ont ainsi été secourus en 2005 alors que depuis l’entrée en service du système, en 1982, 18 000 personnes ont été sauvées sur l’ensemble de la planète. Par ailleurs, des dizaines de satellites de télédétection prospectent le globe à des fins d’agriculture, d’aménagement des territoires, d’urbanisme, de surveillance de la pollution, etc. Enfin, savez-vous que lorsque vous utilisez un récepteur GPS pour vous localiser, vous recourez à des satellites militaires? Eh oui, vous utilisez les services des satellites Navstar du Département de la défense des États-Unis! De fait, l’immense majorité des satellites militaires remplissent des fonctions pacifiques; en cet âge du nucléaire, l’humanité leur doit certainement d’exister encore. Voir aussi «Le rôle vital des satellites» sur le site Espace 101.
À quoi servent vraimentles satellites militaires ? Contrairement à ce qu’on pense généralement, les satellites militaires ne participent pas à la guerre mais servent plutôt à préserver la paix. De fait, la moitié des 3 665 satellites militaires lancés à ce jour agissent comme espions. Bon nombre d’entre eux sont munis de caméras qui observent les activités militaires. Un autre type capte les communications de l'«ennemi», permettant de suivre les déplacements des équipements et des troupes ainsi qu'une foule d’autres opérations. Or, les experts s’entendent pour dire que cette surveillance a joué un rôle crucial dans le maintien de la paix, particulièrement durant la guerre froide que se sont livrés les Américains et les Soviétiques entre 1960 et 1990. Durant cette période, les deux camps ont maintenu pointés l’un vers l’autre des centaines de missiles équipés d’ogives nucléaires prêts à foncer à la moindre alerte. Or, le fait de suivre en temps réel ce qui se passait chez l’adversaire, grâce aux données recueillies par les satellites espions,
a sans doute évité que l’un ne lance une attaque préventive en pensant que l’autre s’apprêtait à passer à l’offensive. De surcroît, ces satellites ont permis, à partir des années 1970, de négocier des traités de désarmement. Tels que stipulés par ces accords, ces satellites ont dès lors servi à vérifier leur application. Autrement dit: sans satellites espions, il aurait été impensable de conclure de telles ententes, ne sachant pas si les parties allaient les respecter. Un autre rôle (très peu connu) joué par les satellites militaires est la surveillance des explosions nucléaires. Des satellites spécialisés sont capables de détecter tout essai nucléaire réalisé n’importe où sur Terre par n’importe qui. Ils ont à l’oeil tout particulièrement les gouvernements qui tentent de se doter de l’arme nucléaire (ces temps-ci: la Corée du Nord et l'Iran). Mais, fonction encore plus importante, ces satellites servent à vérifier le respect des traités bannissant tout essai nucléaire à l’échelle de la planète ainsi qu’à dénoncer les «états voyous» qui procédaient à de tels tests.
Qu’a-t-on découvert en allant sur la Lune ? De juillet 1969 à décembre 1972, six équipages d’Apollo ont exploré autant de sites lunaires. Douze hommes ont passé douze jours et demi sur la Lune, recueillant 400 kilos d’échantillons et prenant des milliers de clichés. Le programme Apollo ayant coûté 25 milliards $us de l’époque – une somme qui correspond aujourd’hui à plus de 100 milliards $ –, on peut se demander si l’effort en a valu la peine. Autrement dit: n’aurait-on pu consacrer une telle somme à quelque chose de plus utile? Or, la véritable découverte des expéditions Apollo a été... notre Terre. En effet, les images et les témoignages que nous ont rapportés de la Lune les astronautes nous ont révélé que la Terre est un véritable joyau fragile perdu dans l’immensité cosmique. Les photos de notre petite planète bleue ont frappé l’imaginaire populaire, au point de donner naissance à une vaste conscience planétaire quant à l’urgence de protéger le seul endroit de l’Univers sur lequel nous pouvons vivre.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les mouvements écologiques ont connu leur essor durant les années 1970 alors que jusqu’alors, on polluait l’air, la terre et l’eau sans s’en soucier. Les photos prises par les astronautes d’Apollo nous ont donc sensibilisés et ont profondément bouleversé notre mode de vie. Ainsi, à la question «Qu’a-t-on découvert en allant sur la Lune?», la réponse, la vulnérabilité de notre planète, n’avait d’aucune façon été envisagée au départ. Et ne serait-ce que pour cette prise de conscience, le programme Apollo vaut toutes les sommes qui lui ont été consacrées. Voilà un bel exemple du fait que, lorsqu’on entreprend une quête (personnelle ou scientifique), il arrive que les résultats bouleversent notre existence... (Référence 4)
Des dépenses (in)justifiables ? Il est impossible de calculer combien on a consacré en cinquante ans à l’exploration et à l’utilisation de l’espace et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, il faut tenir compte de l’inflation: un dollar de 1957 n’ayant pas la même valeur qu’un dollar d’aujourd’hui, on ne peut additionner tout bonnement les montants d’une année à l’autre. Il y a en outre le problème des équivalences monétaires: dollars, francs, euros, roubles, yens, yuans, etc. Enfin, quantité de dépenses demeurent secret d’État, notamment celles des gouvernements russes et chinois, ainsi que la répartition des crédits militaires pour la plupart des gouvernements... Néanmoins, il est possible d’en arriver à un estimé global en prenant les données disponibles et en faisant des suppositions raisonnables. Par exemple, on sait que la NASA a bénéficié de sommes totalisant 635 milliards $ depuis sa création (en dollars de l’an 2000) alors que la Défense américaine consacre au spatial environ 20 % de plus… soit, disons, quelques 760 milliards $. Or, lorsqu’on fait l’exercice le plus justement possible, on en arrive à estimer qu’on a consacré, de 1957 à nos jours, de 2 à 3 billions $us - c’est-à-dire de 2 à 3 mille milliards de dollars américains. C’est là une somme considérable, astronomique même, qui dépasse l’entendement.
Qu’aurait-on pu faire d’autres avec tant d’argent? Évidemment, penseront immédiatement certains, on aurait pu employer ces billions à des fins plus utiles que d’aller «dans la Lune», notamment pour combattre la faim, la pauvreté ou d’autres calamités qui affligent l’humanité. Mais on peut tout aussi bien comparer les dépenses spatiales à d’autres types de dépenses. Par exemple, le budget fédéral américain s’élève à 2,9 billions $ pour l’année en cours. C’est dire qu’en une seule année, l’administration Bush dispose d’autant de fonds que ce que le monde entier a consacré au spatial depuis Spoutnik. En outre, depuis 1957, les Américains ont dépensé plus de 16 billions $ en activités militaires. On estime par ailleurs que le total des dépenses militaires pour l’ensemble des gouvernements s’élève annuellement à 1,2 billion $… Sur Mars ou contre la misère humaine ? Néanmoins, la question se pose avec justesse: aurait-on pu faire mieux – dont s’attaquer à la misère humaine ou préserver l’environnement – que de se lancer dans l’exploration de l’Univers? La réponse à cette question nous a été livrée dans les années 1970. En effet, au lendemain de la conquête lunaire, les Américains ont sérieusement envisagé la possibilité d’envoyer des hommes sur Mars dès les années 1980.
On a alors calculé qu’une telle entreprise coûterait 100 milliards $, soit quatre fois le programme Apollo. Or, en pleine guerre du Vietnam, une telle dépense a été jugée inappropriée et on a reporté la conquête de Mars aux années 2000. Mais qu’a-t-on fait du cent milliards $ ainsi épargné? L’a-t-on alloué à la lutte contre la pauvreté, à combattre certaines maladies ou à s’occuper de l’environnement? Pas spécifiquement. Y aurait-il moins de misère aujourd’hui sur Terre si on n’avait pas déboursé de 2 à 3 billions $ en activités spatiales? Hélas, probablement pas non plus… Tout compte fait, les sommes consenties au spatial durant cinquante ans équivalent, pour chacun d’entre nous, à moins de 10 $ par année.* S’agit-il vraiment de dépenses exorbitantes? * En fait, si on suppose qu’environ 10 % des habitants de la planète sont assez fortunés pour financer des activités spatiales – ce qui est probablement assez proche de la réalité –, on pourrait dire que ceux-ci (vous et moi) y consacrent une centaine de dollars par année. (Couché de soleil sur Mars, tel que vu par Spirit)
À l’époque de Spoutnik, bien malin qui aurait pu prédire que douze ans plus tard, des hommes marcheraient sur la Lune. Dans les faits, la conquête spatiale ne s’est pas déroulée comme prévu puisque le défi lunaire lancé par Kennedy est venu tout bouleverser. De même, bien malin qui pourrait aujourd’hui prévoir ce que nous réservent les prochaines décennies. Pour l’heure, à la suite de la perte de Columbia, le président Bush fils a lancé sa propre Vision de l’exploration spatiale en ordonnant la cessation des vols de Navette pour 2010 et l’abandon ipso facto de la Station spatiale internationale une fois son assemblage terminé. Il préconise en remplacement une stratégie d’étapes qui, si tout va bon train, nous ramènerait sur la Lune dans dix ans avant de poursuivre vers Mars d’ici une vingtaine d’années. Toutefois, devant les coûts exorbitants de la lutte contre le terrorisme et l’incursion désastreuse en Irak, il y a fort à parier que le prochain président, quel qu’il soit, devra sabrer dans les dépenses gouvernemen-tales et que l’une des premières coupures pourrait bien ëtre la vision spatiale de son prédécesseur. On pourrait donc se retrouver, d’ici quelques années à peine, dans l’incapacité d’envoyer des humains en orbite terrestre. Que nous réserve l’avenir ?
La grande quête… de soi Par contre, l’exploration des planètes par sondes et l’étude de l’Univers à l’aide de puissants télescopes de type Hubble semblent devoir se poursuivre sans relâche. Le fil conducteur de ces travaux est la recherche de vie extraterrestre. Déjà, il semble que nous soyons sur le point de découvrir des planètes potentiellement hospitalières. Et qui sait si, d’ici une décennie ou deux, nous n’aurons pas enfin répondu à la question qui s’impose à nous depuis cinq siècles: sommes-nous seuls dans l’Univers?(5) Cette quête promet de grandes surprises. Imaginez par exemple le jour où l’on annoncera la découverte d’une planète qui a tout ce qu’il faut pour héberger la vie... Imaginez lorsqu’on découvrira des planètes sur lesquelles existeraient des formes de vie microscopiques, puis «végétales» et enfin «animales»… Et peut-on vraiment imaginer qu’un jour prochain on découvrira des êtres intelligents?! Si on en juge par ce qui s’est passé au cours du dernier siècle, cette quête promet de nous réserver d’énormes surprises et de remises en question, ainsi que de grandes déceptions et beaucoup d’excitation et d’espoir. Peut-on rêver d’une quête plus captivante? * * *
Qui suis-je ? Je suis, pourrait-on dire, un «enfant du Spoutnik» puisque, le 4 octobre 1957, j’étais à sept mois et deux jours de naître… (Peut-être ma mère a-t-elle découvert mon existence en même temps que le monde apprenait celle du premier satellite?!) Toujours est-il que l’exploration spatiale est la passion de ma vie. Depuis l’âge de 11 ans, je suis au quotidien les péripéties de l’aventure spatiale. Depuis 1983, je couvre l’actualité scientifique pour maints médias (dont Le Devoir, Québec Science, La Presse, RDI, etc.). J’ai en outre rédigé des milliers de textes sur l’exploration spatiale, notamment sur mes quatre sites web, ainsi qu’une demi-douzaine de livres. (Pour en savoir plus, consultez ma page «Pleins feux…») J’ai entre autres confectionné le site web Spacecraft Encyclopédia qui recense les 6 600 satellites lancés à ce jour. C’est la seule source où vous trouverez la synthèse de ce qui s’est fait dans le domaine ces cinquante dernières années. Références:
F i n « Un jour sur Rhéa… » Création: Robert Giguère, 2007