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Etat actuel des zones humides en Algérie : Impact des changements climatiques sur la présence et la répartition des zones humides au Nord de l’Algérie S.TAIBI, A.FEDDAL Ecole Nationale Supérieure d’Hydraulique (ENSH), Blida, Algérie. INTRODUCTION
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Etat actuel des zones humides en Algérie : Impact des changements climatiques sur la présence et la répartition des zones humides au Nord de l’Algérie S.TAIBI, A.FEDDAL Ecole Nationale Supérieure d’Hydraulique (ENSH), Blida, Algérie INTRODUCTION La préservation et la protection des zones humides représentent un enjeu important en Algérie en termes d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement. L’Algérie a ratifié la Convention de Ramsar en 1982, à cet époque l’Algérie comptait trois zones d’importance internationale. Entre 2001 et 2003, l’Algérie a manifesté un intérêt accru à son adhésion à la Convention par le biais de la Direction Générale des Forêts et a désigné 23 nouveaux sites Ramsar. En 2004, l'Algérie a encore désigné 16 nouvelles zones humides d'importance internationale portant ainsi leur nombre total à 42 (près de 3 millions d’hectares). Le dernier recensement effectué en 2006, a dénombré 1451 zones humides en Algérie, dont 762 qui sont naturelles. Qu’elles soient naturelles ou artificielles, l’existence des zones humides est généralement liée au gradient pluviométrique. Les précipitations représentent le facteur le plus important du climat tant pour les habitants que pour les écosystèmes. Les régions méditerranéennes semi-arides et arides sont particulièrement touchées par les sécheresses récurrentes et prolongées et la question de l’eau représente un véritable enjeu au cours de ce siècle. Au Nord de l’Algérie, selon l’Agence Nationale des Ressources Hydrauliques (ANRH), les potentialités annuelles en eaux superficielles sont passées de 13,4 Milliards de m3à la fin des années 1970, à 10 milliards de m3actuellement. Cette baisse est due à une longue période de sécheresse caractérisée par un déficit pluviométrique de 20% à 30%. L’objectif de ce travail est de mettre en évidence l’influence de la variabilité climatique sur la répartition et la disponibilité des zones humides au Nord de l’Algérie. Résumé Au Nord de l’Algérie, la répartition des zones humides (zh) par bassin versant indique que la région hydrographique Est est la plus riche en zones humides, avec 159 zh. La région hydrographique Centre-Est occupe la seconde position avec134 zh. La région hydrographique Ouest compte 65 zh et la région hydrographique Centre-Ouest comprend 49 zh. De manière générale, la répartition, la présence et le type de zones humides qu’on y trouve dans chaque région hydrographique sont en relation avec le gradient pluviométrique. La sècheresse qu’a connu le pays au cours des trois dernières décennies a eu un impact important sur la disponibilité des ressources en eaux qui alimentent les zones humides naturelles et artificielles. L’analyse de la variabilité spatio-temporelle des précipitations au Nord de l’Algérie sur une période de 73 ans (1936/37-2008/09) a mis en évidence cinq régions à différents caractères pluviométriques. Il apparait que la région des hauts plateaux Ouest et centre enregistrent les déficits pluviométriques les plus importants du Nord de l’Algérie (environ 30%). Donc, l’impact des changements climatiques est plus ressenti à l’Ouest du pays impliquant une baisse des écoulements d’environ 57% au niveau du cours d’eau de « Sid Ali Ben Youb ». Les chotts de la région se trouvent privés des apports essentiellement pour leur remplissage. Certains de ces chotts font partie de l’itinéraire des oiseaux migrateurs et la réduction du niveau d’eau de ces chotts sera catastrophique pour assurer une continuité de cette activité. Abstract This work aims to show the relationship between the spatial distribution and availability of wetlands and the climate variability of Northern Algeria. First several statistical tests (kendall, pettitt, Buishand, Bayesian method of Lee and Heghinian, Hubert segmentation) have been used to detect trend or climate change and applied to 102 rainfall time series over a period of 73years (1936/37-2008/09). The tests shows a downward trend since the middle seventies, particularly in the West (fig.02). This region registered in important rainfall deficit of about 30% which caused a decrease of runoff of about 57% at Sid Ali Ben Youb (table 01). While, the East region states an increase of precipitation since 2002. The regionalization of precipitation of Northern Algeria using rotated principal component analysis (Varimax rotation) highlights 5 regions with dissimilar rainfall behavior . The West coast region and the west-center highlands region receive the lowest rainfall in the study area (170-450mm). The center coast region registers a mean annual rainfall of about 600 mm. The East coast region and East highlands region are the wettest region of Northern Algeria with a mean annual rainfall of 600-800 mm and exceed 1000mm in some High altitude. The distribution of wetlands per watershed or hydrographic region (tableau 02) seems to coincide with the regionalization of rainfall. It appears that the East hydrographic region contains the most number of wetlands (159wl), located mainly in the East cost watershed (99wl) with dominance of streams, estuaries and dams. The center hydrographic region Algérois-Hodna-Soummam ranks second with 134 wetlands located mainly in the coastal watershed with a dominance of streams and estuaries as well as dams and small dams. The watershed Chott El Hodna, located in the Highlands, consists largely of dams and reservoirs, but also two streams and four lakes, intermittent or seasonal. The west hydrographic region Oranie-ChottCherguiaccount 65 wetlands. The coastal watershed contains 23wl which corresponds to streams and estuaries. It is also characterized by the presence of several seasonal or intermittent lakes mostly brackish. Macta Basin is almost as rich in wetlands (20 wl), represented by streams, marshes and dams. The hydrographic region Cheliff - Zahraz includes 49 wetlands. Most of the wetlands are located in the Cheliff basin (43wl), which correspond mainly to reservoirs of dams and large small dams. Finally, It is clear that climate variability affects the availability of natural and artificial wetlands. The protection and preservation of this type of site need a better management of water resources but above all the involvement and sensitization of public which play a big role in protecting of environment. In this case the relationship human-climate-environment should be well defined by specifying the impact of each actor on the other so as to identify the necessary measure of adaption to deal in one hand with climate change and in other hand with the anthropogenic pressures exerted by high population densities, the presence of large agricultural area and degradation of water quality in some streams and of coastal wetlands. Fig.01: Zone d’étude METHODOLOGIE • Analyse des tendances des précipitations: tests statistiques • 5 tests statistique ont été appliqués à 102 séries pluviométriques d’une période de 73 ans (1936-2009), à savoir: • Le test de Kendall: sert à détecter une tendance au sein d’une série chronologique de données; • Le test de Pettitt: permet d’avoir la date de la rupture ainsi que le seuil de signification de cette rupture; • Le test de Buishand: permet de détecter un changement de moyenne au milieu d’une série à un instant inconnu; • La méthode bayesienne de Lee et Heghinian: donne la position dans le temps et l’amplitude d’un changement de moyenne; • La segmentation d’Hubert: permet de détecter plusieurs changements de la moyenne. • Ces tests ont été aussi appliqués aux données hydrométriques de Sid Ali Ben Youb. • Régionalisation des précipitations : Analyse en composantes principales • Une analyse en composante principale avec rotation varimaxa été appliquée • pour déterminer la régionalisation des précipitations au Nord de l’Algérie. • Le choix de cette méthode est due aux résultats non- • significative obtenus par une • ACP sans rotation. Fig.02: Localisation des stations avec et sans rupture Tableau1. Résultats des tests statistiques à la station de Sid Ali Ben Youb • RÉSULTATS • Tendance des précipitations • Les tests statistiques ont permis de détecter une rupture (une tendance à la baisse) située entre les années 70 et 80. • Cette rupture a touché en grande partie l’Ouest de la zone d’étude (fig.02). La probabilité du test de Pettitt a permis de classer le degré de signification de la rupture. La majorité des stations de l’Ouest présente une rupture très significative, tandis qu’à l’Est la plupart des stations sont homogènes (aucune rupture du régime pluviométrique). • La baisse des précipitations entre la période avant rupture et la période après rupture déterminée par la segmentation d’Hubert est de : • *16 à 26% sur le littoral Centre *19 à 38% sur les hauts plateaux Centre • *16 à 42% sur le littoral Ouest • *19 à 43% sur les hauts plateaux Ouest. Cette baisse a vraiment marqué les écoulements de la région particulièrement celle de Sid Ali Ben Youb qui enregistrent une baisse de 57% (tableau 01). Les chotts de cette région se trouvent aussi privés des apports essentiellement pour leur remplissage. Certains de ces chotts font partie de l’itinéraire des oiseaux migrateurs et la réduction du niveau d’eau de ces chotts sera catastrophique pour assurer une continuité de cette activité. • À l’Est, la procédure d’Hubert indique une augmentation de 24% à 49% des précipitations à partir de 2002. • Variabilité spatiale des précipitations • L’ACP avec rotation varimax a mis en évidence 5 régionsà différent comportement pluviométrique : • * Région Ouest littorale: Pm= 310-415 mm * Région des Hauts plateaux Ouest et Centre: Pm=170-450 mm • *Région Centre littorale : Pm= 510-1000 mm • * Région Est littorale: Pm=580-1190 mm *Région des Hauts plateaux Est: Pm= 415-510 mm • Répartition spatiale des zones humides • La répartition des zones humides par bassin versant ou par région hydrographique (tableau 02) coïncide dans l’ensemble avec la régionalisation des précipitations : • La région hydrographique Est « Constantine-Seybouse-Mellegue »est la plus riche en zones humides avec 159 zh et le côtier Constantinois englobe la majorité (99 zh). Ce bassin renferme les 2/3 des réservoirs et des retenues de la région ainsi que la presque totalité des marais et marécages, les ¾ des cours d’eau et des estuaires. Les hauts plateaux Constantinois regroupent 29 zh, qui sont majoritairement des lacs d’eau douce ou saumâtre , intermittents ou saisonniers ainsi que quelques lacs salés intermittents ou saisonniers. les autres bassins de la région regroupent des barrages ou grandes retenues collinaires. • La région hydrographique « Algérois-Hodna-Soummam » occupe la seconde position avec134 zh, situées majoritairement dans le bassin versant du Côtier Algérois avec une dominance des cours d’eau et des estuaires ainsi que des barrages et des retenues collinaires. Le bassin versant Chott El Hodna, situé dans les Hauts-Plateaux, comprend surtout des barrages et des retenues, mais aussi deux cours d’eau et quatre lacs intermittents ou saisonniers. • La région hydrographique « Oranie-Chott Chergui » compte 65zh. Le bassin versant Côtier Oranais, avec 23 zh se caractérise par la présence de cours d’eau et d’estuaires. Il se démarque par la présence de plusieurs lacs saisonniers ou intermittents, majoritairement saumâtres. Le bassin de la Macta, est presque aussi riche en zones humides (20 zh), représentées par des cours d’eau, 2 marais et 9 barrages ou retenues. • La région hydrographique « Cheliff-Zahrez »comprend 49zh, dont La majeure partie est située dans le bassin versant du Cheliff (43 zh) représentée par des réservoirs de barrages et de grandes retenues collinaires. Fig.03. Régionalisation des précipitations au Nord de l’Algérie Tableau 2. Répartition des zones humides par bassin hydrographique Atlas Saharien CONCLUSION Il est clair que la variabilité climatique influence la disponibilité des zones humides naturelles et artificielles. La protection et la préservation de ce genre de site relève d’une bonne gestion des ressources en eau mais surtout de l’implication et la sensibilisation du public qui joue un rôle important dans la protection de l’environnement. Dans ce contexte, la relation homme/climat/environnement doit être bien définie en mettant l’accent sur l’impact de chaque acteur sur l’autre afin d’identifier les mesures d’adaptation nécessaires pour faire face, d’une part, aux changements climatiques et d’autre part aux pressions anthropiques exercées par les fortes densités de population impliquant des rejets urbains plus importants, la présence de grands périmètres agricoles en exploitation ou en réalisation, et la dégradation de la qualité de l’eau de certains cours d’eau et des zones humides côtières. « Penser Global, Agir Local » ( René Dubos,1972)